Sur les quais, dans les bars du port comme sur son canot de pêche, il chantait. Sans cesse, il chantait. Certains disaient même qu'on ne l'avait jamais entendu réellement parler : il ne faisait que chanter, fredonnant sur la terre, vociférant en mer.
Ainsi fut-il surnommé le Choriste des brumes, sa voix rivalisant avec la corne dans les brouillards les plus épais.
C'est précisément un de ces jours où le ciel et l'eau se métamorphosent en vapeurs cotonneuses, que s'en allant au bout de la jetée porter son chant vers l'océan, pour la première fois, on ne l'entendit pas. Ni le revit. Il se tut pour toujours. La mer garda son corps comme son dernier refrain.
Toutefois, les anciens disent que son âme trouva refuge dans les brise-lames de Saint-Malo.
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Extrait de Brise-lâmes, un recueil de photo / poésie / contes marins auto-édité avec The BookEdition
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